Il est des instants où les mots ne cherchent plus à convaincre, mais à relier. Où l’acte d’écrire ne s’aligne pas sur le savoir, mais sur la présence. Là, dans ces failles du quotidien, dans ces interstices de la perception, opère ce que l’on peut appeler : magie.
Non pas celle des prestiges et des illusions, mais celle qui répare, qui relie, qui tisse. La magie, c’est la suture du sens. Elle n’est pas pouvoir sur le monde, mais traversée du non-sens. Elle relie ce qui a été brisé : les êtres, les mots, les gestes, les lieux. Elle maintient vivante la tension entre ce qui fut séparé.
🌀 Le tour magique n’est pas un spectacle, mais un passage. Un écart. Une brèche. Un déséquilibre habité. Il est cet espace où l’on ose franchir sans garantie, ce « pas au-delà » qui révèle le dedans. L’au-delà, alors, n’est pas un ailleurs mystique mais l’expérience même du passage.
🗣️ La parole magique est polyphonique.
Elle ne parle jamais seule. Elle est traversée. Elle prend voix dans l’entre-deux. La vie spirituelle est scindée, elle n’est jamais pleine. Elle vibre de ses manques. C’est dans cette faille que la parole devient éthique, parce qu’elle relie plutôt qu’elle n’impose.
🪬 Les signes ne désignent pas. Ils relient.
En magie, les symboles ne sont pas des raccourcis mentaux, mais des canaux : des instruments pour faire passer le souffle, transmettre l’esprit, accueillir ce qui ne peut être nommé autrement. Ils sont des passerelles entre le visible et l’invisible, entre le sens et ce qui, en lui, échappe.
🌊 L’imaginaire peut inverser le cours du pouvoir.
Ce qui fut utilisé pour dominer peut aussi libérer. Si nous en faisons un lieu de conscience, un outil de reliance. La magie devient alors un art de la sagesse insurgée. Douce. Intransigeante. Juste.
Ce que nous écrivons ici ne cherche pas à tout dire. Cela cherche à résonner. À ouvrir des brèches. À rappeler que d’autres voies sont possibles, d’autres liens vivants, d’autres façons d’habiter le monde.
Ce tissage ne demande pas à être vu.
Il demande à être entendu.
— Équipe